vendredi 26 novembre 2010

La crise ne passera pas par la presse féminine!

  Plus de 40 titres, près de 400millions d'exemplaires par an: la presse féminine affiche une belle santé. Les Françaises sont accros et les éditeurs cherchent continuellement à les séduire.

  Malgré la crise économique et la crise de la presse en général, la presse féminine résiste et reste un marché porteur.
Les magazines féminins constituent la famille de presse la plus puissante : 17% du volume des ventes au numéro (hors suppléments), de nouveaux titres qui sortent encore et encore, des milliards d'euros investis sur ce marché (notamment par les annonceurs)... Aucun doute, la presse féminine n'est pas à plaindre!


Les prémices de la presse féminine


  Les principaux magazines féminins d’aujourd’hui sont apparus lors des grandes
étapes de l’évolution des femmes. Rappelons qu'il fut un temps où la femme n'avait pas accès à l'éducation donc pas de lecture pour elle!


  La presse féminine a parcouru un bon bout de chemin avant d'être ce qu'elle est aujourd'hui. En effet, cette presse a vu ses origines au mouvement d'émancipation des femmes.
En France, dès le XVIIIe siècle apparaissent des publications alors que les femmes commencent à jouer un rôle social plus visible: Le journal des Dames (1759-1788), Les Annales de l'Éducation et du Sexe (1790).

  La Révolution Française sera particulièrement propice à l'éclosion de nouveaux titres.Cette presse a pris un essor particulier pendant les années d’après-guerre, années d’expansion économique, pour se remettre en question pendant les années 60, années de contestation. Elle s’est renouvelée au cours des années 80.

Au début des années 80, années dynamiques d’affirmation des femmes, se met en place la nouvelle génération des grands généralistes féminins avec Femme Actuelle comme leader.

Pendant les années 90, années cocooning, la presse féminine se diversifie autour des centres d’intérêt majeurs des femmes comme la mode ou encore le bien-être, puis elle s’atomise avec la montée de l’individualisation.

Les années 2000, années de changement de génération, apportent un souffle d’inventivité (nouveaux formats, hors-série..) et voient apparaître des magazines de très forte proximité orientés vers l’optimisation de la vie.


 Ce long combat qui a été mené pour que la femme ait un statut au sein de la société, a fait qu'aujourd'hui on a un large choix de magazines diversifiés dans nos rayons de presse féminine.

Frivole, la presse féminine?

  
   Au fur et à mesure que le mouvement féministe s'est développé, la presse féminine s'est divisée: d'un côté des titres qui restent militants et d'autres qui renvoient plus à l'image traditionnelle de la femme et qui accompagnent la femme dans son quotidien.
 
Ce qu'il nous reste aujourd'hui serait plutôt du deuxième type de presse féminine. En effet, on est bien loin des revendications féministes dans les magazines tels que Glamour, Elle, Marie-Claire ou encore Cosmopolitain. On trouve dans ceux-ci des rubriques très diversifiées: mode, beauté, psychologie, jardinage, nutrition...etc, qui nous conseillent sur notre quotidien mais pas qui nous présente une idéologie à suivre.
Tous les sujets traités dans ces rubriques peuvent paraître très futiles aux ferventes militantes des droits de la femme. Il est vrai que l'image qui y est représenté de la femme est souvent celle de la «femme objet», celle du «Soit belle et Tais-toi» en quelque sorte. On ne cesse de nous proposer des régimes miracles, des produits amincissants , anti-rides, la garde de robe à adopter pour ressembler aux mannequins squelettiques que l'on voit dans ces magazines...dont les photos sont d'ailleurs retouchées! Cette presse peut paraître comme la petite Bible de la femme, son manuel à suivre pour être toujours tendance! 

  Toutefois, parmi tous ses sujets qui peuvent paraître frivoles et artificiels, il y a aussi, selon les magazines féminins, des reportages sur des sujets plus sérieux, des portraits de femmes fortes auxquelles on associe le réussite, donc il reste encore quelques bribes de ce passé qui a amené la femme à avoir une place dans la société.

  Malgré son aspect superficiel, car l'esthétique a une grande place dans ceux-ci (¾ d'images), la presse féminine a un vrai pouvoir, d'après Vincent Soulier, auteur de Presse féminine. La puissance frivole.
D'abord elle joue un rôle majeur dans la féminisation des valeurs de notre société. Au-delà d'un effet miroir d'évolution des mentalités et des comportements, elle crée de nouvelles normes en matière de mode, de beauté, d'éducation, de diététique, de santé, de psychologie, de sexualité...ce qui peut-être vécu comme un « dictat » par certaines personnes. Mais comme le souligne Marie-Françoise Colombani, éditorialiste au magazine Elle, la presse féminine n'est pas un modèle à suivre, le principal objectif est de nous vendre du rêve et nous divertir.
Ensuite, elle occupe la première place auprès des annonceurs et la deuxième en terme de diffusion donc c'est un marché économique qui a beaucoup de poids; et elle est aussi moins touchée par la crise que les autres journaux.

En somme, le rôle de cette presse apparemment futile, est à la fois un révélateur et un acteur de la démocratisation de la société, de l'essor de la consommation de masse et des mutations de la morale commune.